SAINT LANDELIN, FONDATEUR DE LOBBES, ET PREMIER ABBE DE CRESPIN (+ 686)
Landelin, de la noble race des Francs, naquit sous le règne de Dagobert, entre Bapaume et Cambrai, dans une villa nommée la Vallée ou Vaulx. Dès son enfance il montra un heureux naturel, et ses parents confièrent le soin de son éducation à saint Aubert, évêque de Cambrai. Celui-ci exhortait le jeune homme à vivre pieusement et saintement, et le prémunissait contre les dangers du monde. D'un autre côté, quelques membres de sa famille ne négligeaient rien pour le détourner des choses célestes et lui faire préférer les voluptés et les délices de la terre. Il finit par prêter l'oreille à leurs perfides conseils; il se montra rebelle aux exhortations de l'évêque, et même il le quitta, et se jeta bientôt dans tous les égarements d'une vie coupable, jusqu'à se mettre à la tête d'une troupe de voleurs. Le bon Père pleurait déjà son disciple comme mort. Après un intervalle de temps assez long, la mort horrible et imprévue d'un de ses compagnons frappa Landelin d'une si grande terreur, qu'abandonnant tout le reste, il vint se jeter aux pieds de l'évêque pour implorer le remède de la pénitence.
Son maître le reçut avec une grande effusion de joie et de tendresse; pendant quelque temps il lui fit suivre les exercices des clercs en lui laissant l'habit séculier. Landelin renonça cette fois au monde pour toujours : ses vertus progressèrent de jour en jour; il entra dans les ordres, fit trois fois le voyage de Rome pour y vénérer le tombeau des saints Apôtres, et partout il édifia les étrangers par sa piété et sa charité, comme il avait édifié ses frères par son obéissance, son humilité, sa douceur. Quand il fut prêtre, il demanda et obtint de saint Aubert la permission de se retirer dans la solitude pour y pleurer les désordres de sa vie passée. Il choisit pour le lieu de sa retraite le désert de Laubac, où il s'exerça aux oeuvres de la pénitence. Un grand nombre de ses disciples étant venus se mettre sous sa direction, il fonda le monastère de Lobbes, sur la Sambre. Il en construisit bientôt 2 autres, celui d'Aune ou Alne [AULNE], et celui de Wallers. Il dota ces monastères avec les biens qu'il tenait de la libéralité des rois Francs.
Ces monastères une fois fondés, se jugeant indigne de les gouverner, il les confia à la direction d'Ursmer et de Dodon, qu'il avait fait élever à la dignité épiscopale. Puis, voulant se donner plus complètement à Dieu dans l'oraison et la macération du corps, il s'enfonça, accompagné de saint Adelin et de saint Domitien, dans une épaisse forêt, entre Mons et Valenciennes. Les 3 solitaires vécurent là dans des cellules de branches d'arbres. Leur renommée leur attira des disciples; ils bâtirent une chapelle qui fut le grain de sénévé d'où s'éleva l'abbaye de Crespin, sur la rivière de Hou, non loin de l'Escaut et de la ville de Condé. Croyant alors que, pour opérer un grand bien, il serait bon de séparer Adelin et Domitien, il les envoya dans des lieux différents travailler à la gloire de Dieu, et à la sanctification des âmes. Le premier se fixa près de la rivière d'Hou, le second, sur la Haine. Pour lui, il resta au monastère de Crespin, dont il prit le gouvernement, et se préparar à la mort par la méditation des choses divines.
Saint Landelin, en effet, n'était pas loin du terme de sa longue pénitence. Attaqué soudain d'une fièvre violente, il fit venir ses religieux, et, leur faisant ses adieux, il leur déclara que c'était pour la dernière fois qu'ils le voyaient sur la terre. A ces mots tous fondirent en larmes, mais Landelin les rassura : "Ne vous attristez point de ma mort, mes enfants", leur dit-il, "Jésus-Christ, votre premier père, sera toujours avec vous, et l'ennemi de vos âmes ne pourra pas vous nuire". Il se fit alors coucher sur la cendre et remit paisiblement son âme à Dieu. C'était le 15 juin 686.
Son corps fut enseveli dans le monastère même de Crespin.
Propre d'Arras; - cfr abbé Destombes : Vies des Saints des diocèses de Cambrai et d'Arras; Van Drival : Hagiologie du diocèse d'Arras.